Radiographie des têtes d'affiche de l'opposition à Jovenel Moise

Jean Metellus Jr - October 10 2017, 9:29 AM

Il y a 8 mois, Jovenel Moise a été installé Président de la République.

Sans lui donner le temps d'asseoir sa présidence, une opposition s'acharne contre lui. Loin de l'idée que l'Exécutif de Jovenel Moise est constitué uniquement d'hommes et de femmes au-dessus de toutes les critiques, je me prête dans les lignes qui suivent à l'exercice d'analyser, selon mes perspectives, les parcours et les traits de personnalité des principales têtes d'affiche de cette opposition aux fins de situer leurs intérêts.

Moise Jean Charles

Le leader de « Pitit Dessalines » est une des preuves que la politique, à travers les élections, peuvent faciliter la mobilité sociale.

Ancien maire de Milot et ancien sénateur, aujourd'hui, sans aucun doute, Moise est une voix de la République à travers un discours fait des retailles longtemps oubliés de certains courants idéologiques latinoaméricains.

Le discours de Moise Jean Charles, même déphasé, fait un grand écho en Haïti, tout en son honneur.

Mais le handicap majeur de ce leader est son égo. Sa projection sans cesse en one man show. Moise ne s'affiche pas en un homme d'équipe.

Il n'y a que le moi qui compte pour lui.

Fondamentalement, Moise Jean Charles n'a rien contre la présidence de Jovenel Moise.

Il se perd dans une rêverie de mauvais perdant aux dernières élections présidentielles: « ça aurait dû être moi ».

Son attitude aurait été idem même s'il s'agissait de son père ou de sa mère à la présidence...

C'est ce qu'on appelle un « narcissique ».

Plus profondément, pour exister, Moise Jean Charles a, sans aucun doute, besoin du vacarme à défaut d'être un entrepreneur ou un professeur ou un leader dans la lignée d'un Chavanne Jean Baptiste.

Donc, pour exister aujourd'hui, sans vouloir être méchant, Moise a besoin de l'instabilité.

Antonio Cheramy (Don Kato)

De « Baz Kameroun » au Sénat de la République, Don Kato est l'un des rares éléments des quartiers défavorisés qui a usé toutes les gouttes de son talent et de son audace pour se propulser.

Mais sans sa récupération par une certaine bourgeoisie, il n'aurait probablement pas le statut qu'il a aujourd'hui: sénateur de la République.

Loin de ses souches, Don Kato est le pion, au sénat, de cette bourgeoisie considérant que le trésor public haïtien est sa laitière. Dans mon billet « sauvons Don Kato de son propre déchirement », publié récemment, j'ai longuement élaboré là-dessus.

Si l'homme n'est pas maitre de ses réflexions, impossible pour lui d'avoir un objectif, voire orienter un mouvement de son propre chef.

André Michel

L'Echec d'André Michel est dans l'ouvrage qu'il a publié récemment, un acte d'imbécilité pure signé pour la postérité.

Je n'ai jamais feuilleté un ouvrage aussi nul. Bref...

André Michel confond vitesse et précipitation, engagement et extrémisme, militantisme et incohérence.

Il ne s'inscrit pas dans une démarche.

Il est ici et partout en même temps et ne se fait que des amis de conjoncture: hier, il pouvait à grande gorge crier à tous et à toutes que Lavalas est une bande d'assassins et embrasse aujourd'hui les lavalassiens comme des frères. On en dira pas plus.

Lavalas

Lavalas est une armée composée d'un général et des soldats.

Il n'y en a pas d'officier, donc pas de cadre intermédiaire entre la tête et la base. De Maryse Narcisse à Ti pyè, ils sont tous des soldats.

Jean Bertrand Aristid, le général, réfléchit et les autres agissent.

Telle est la réalité lavalassienne en ce plein 21ème siècle.

Dans un cadre pareil, il ne fait aucun doute qu'on est très loin de toutes les valeurs démocratiques, de toutes les possibilités de faire prospérer une nation.

Ce qui nous porte à conclure que Lavalas est un cas perdu sur l'échiquier politique.

Desras Simon Dieuseul

Il n'est ni Lavalas ni Tèt Kale. Il n'est ni pour ni contre.

Desras cherche à vivre même après avoir été président de l'Assemblée Nationale.

Tenant compte de son incapacité intellectuelle et entrepreneuriale, le seul lieu où il peut vivre (dans le sens « ventre » du terme) est dans les espaces de pouvoir.

Ni plus ni moins, Desras est un enfant qui pleure.

Parfois, il crie très fort mais rien que pour se faire entendre.

Pauvre lui.

Arnel Bélizaire

C'est un ancien soldat des forces armées d'Haïti qui a vécu un temps derrière les barreaux pour des chefs d'accusation aussi lourds que le plomb.

Le courant de l'histoire lui a quand même permis, par la suite, de siéger à la chambre des députés. Le concernant, on n'a qu'à dire que les condamnés du procès des timbres ne cessent de faire école.

Les prises de paroles abracadabrantes d'Arnel au parlement n'ont pas fait de lui un grand parlementaire.

Souvent, il dit et se contredit.

Il est à la fois le critique acerbe et le chien de garde de Michel Martelly, par exemple.

Arnel Belizaire est le prototype d'un « abolotcho ».

Il cherche tout, sauf se chercher.

Enfin, cet exercice est à catégoriser dans un parquet de soucis légitimes vis-à-vis de l'haïtien sans cesse révolté contre tout et envers tout, avec ou sans matière. Ce faux prétexte de révolté qui fait que nous n'avons jamais pris le temps de construire le pays. L'ère démocratique, malgré ses règles et ses principes, n'infecte pas nos comportements en ce sens. Nous sommes continuellement l'haïtien du 17 octobre 1806.

Dans tout système démocratique qui se respecte pourtant, le pour et le contre sont les égaux du plus et du moins de la batterie qui donne l'électricité.

Dans l'intérêt supérieur de toute nation, le pour et le contre doivent toujours s'épouser: Joaquim Balager VS Pena Gomez, Georges Walter Bush VS Al Gore. Mais ici en Haïti, malheureusement, le pour et le contre se rejettent toujours mutuellement et ne font que générer de terribles courts-circuits.

C'est une mentalité à reconsidérer drastiquement si nous voulons nous débarrasser de toutes nos mauvaises étiquettes.

Jean Metellus Jr
Sociologue

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